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Fabrice Michelet, Maire |
A chaque cérémonie du 8 mai et du 11 novembre, je prononce un discours. Cette année, j’ai souhaité aborder cette cérémonie sous l’angle du souvenir. Je retranscris donc pour tous, mes propos, lus aux 4 cérémonies (Chef-Boutonne, Tillou, La Bataille, Crézières). « C’est toujours avec autant d’émotion, de respect et d’assiduité que nous nous retrouvons ce matin devant ce monument aux morts. Cela fait pourtant 107 ans que la première guerre mondiale est terminée. Tous les acteurs directs nous ont quittés et cela pourrait donc nous éloigner de cette période. Pour moi, se souvenir, se souvenir ensemble est pourtant essentiel. Et j’y vois au moins 4 raisons majeures. Se souvenir ensemble tout d’abord pour rendre hommage à ces soldats. Les noms gravés sur ce monument aux morts ne sont pas seulement des empreintes dans la pierre, mais des vies brisées, des familles brisées. Tous ces jeunes aspiraient à la liberté, au progrès technique du début du siècle. 1 400 000 jeunes français ont été ainsi fauchés et leurs noms sur les 50 000 monuments aux morts nous rappellent leur sacrifice. Se souvenir ensuite pour transmettre. Ce devoir de mémoire est aussi essentiel. Les manifestations organisées en mai dernier, pour la fin de la 2ème guerre mondiale et le parcours des résistants locaux, par la FNAM, a été un succès. 600 personnes le 23 mai dans la cérémonie devant le monument aux morts ; plus de 1000 personnes à l’exposition. Ces temps forts, pour lesquels la commune a été bien évidemment partenaire ont permis aux élèves de collège et aux adultes de mieux comprendre cette période et de nous souvenir. J’en profite pour remercier encore la FNAM et son président, publiquement pour le travail réalisé. Se souvenir ensemble aussi pour relativiser nos malheurs. Revenir sur ces périodes de guerre, que ce soient à travers les tranchées de la guerre 14-18 ou le risque permanent pour les résistants entre 1940 et 1945, nous rappelle que notre vie est plus douce aujourd’hui. Oui, nous avons des problèmes, importants certes, mais est-ce comparable à ces périodes ? Nous vivons en liberté et la paix, aussi fragile soit-elle, est toujours présente sur notre sol. Se souvenir enfin pour ne pas reproduire les erreurs du passé. Il est facile de relever des erreurs lourdes de conséquence après coup. En 1938, les alliés, en premier lieu la France et la Grande Bretagne, laissent l’Allemagne envahir la Tchécoslovaquie sans trop rien dire en espérant qu’Hitler n’ira pas plus loin. On connait la suite. Pour cette même guerre, la France avait érigé une ligne Maginot, à l’est, faisant barrage aux allemands s’ils envahissaient la France, telle une tranchée inviolable. On connait la suite. En un mois, en mai 1940, les Allemands l’ont contournée et ont fait preuve d’une puissance inégalable alors dans cette guerre mécanique de mouvement. Nous avions une guerre de retard. Alors aujourd’hui, des décennies après, souvenons-nous de l’histoire. L’Ukraine a été attaquée par la Russie en 2022. Que doit-on faire ? comment doit-on réagir par rapport à la Russie, dont la volonté à peine voilée, est de retrouver les contours de la Grande Russie, réunissant les pays de l’ex-URSS. La Russie nous teste. Servons-nous de l’histoire pour prendre les décisions adaptées, certes difficiles, afin d’éviter, non pas un conflit, mais une 3ème guerre mondiale. La faiblesse d’aujourd’hui peut se transformer en guerre mondiale demain. Se souvenir est donc une nécessité : pour rendre hommage, pour transmettre, pour relativiser, pour éviter de renouveler certaines erreurs du passé. Le général Foch, qui a été un des principaux généraux de la grande guerre a dit : « Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». Cette cérémonie contribue à cette mémoire, à ce souvenir collectif. Les enseignements dans nos écoles, nos collèges, nos lycées sont aussi des lieux d’apprentissage importants, pour comprendre le monde aujourd’hui à travers le passé. Ces journées de commémoration du 8 mai et du11 novembre, sont donc utiles. Pour beaucoup, elles ne représentent que des jours chômés, des ponts certaines années. Si vous êtes présents ce matin, c’est que pour vous, comme pour moi, ces 2 jours sont des jours de recueillement et d’hommages envers nos compatriotes qui ont participé à ces guerres. Ce recueillement est très important, encore plus peut-être à 2 jours du 10ème anniversaire des attentats de Paris, survenus le 13 novembre 2015. Je veux que nous ayons une pensée aussi pour toutes les victimes et en particulier envers Chloé Boissinot, jeune poitevine, qui a été tuée alors qu’elle était en terrasse du restaurant le petit Cambodge. Nous la connaissions puisqu’elle avait effectué un stage pendant 2 mois à la mairie, durant son cursus scolaire, quelques mois avant ce drame. Son nom n’est pas gravé sur ce monument mais un arbre a été planté en sa mémoire dans le parc du château. Nous nous souvenons toujours d’elle. Nous ne t’oublions pas Chloé. Un monument aux morts n’est pas qu’un monument placé au centre d’une commune. Il est le témoignage du passé. Cet arbre planté en 2017, à la mémoire de Chloé, n’est pas un simple arbre. Il est le témoignage du passé. Les 2, dans un seul et même objectif : nous souvenir. » |


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